Collectif Préservons Melles

Au matin du dimanche 16 juin, après une semaine de mauvais temps, le soleil était au rendez vous pour la montée aux estives des 200 brebis, une partie du troupeau du Groupement pastoral ovin de Melles.

Depuis un mois une partie des brebis de Pascale et de Stéphane avaient pris leur quartier d’été sur les terres familiales de Melles, s’entraînant chaque jour sur les abords pentus du village, en vue de la grande migration aux estives.

En montagne, les bergers embauchés par le Groupement pastoral de Melles, Salvador et Amanda, deux jeunes catalans plein d’allant,  attendaient depuis la veille avec une partie des animaux, en découvrant le site des Sédères malgré le brouillard.

Après quelques hésitations au sortir de la bergerie, le troupeau et les deux chiens Patou, Opale et Pruneau, s’élançaient vers le centre du village, guidés par les appels familiers de Pascale

«  Allez venez, venez, venez…  » .

Les brebis tondues de frais, arborant la marque  distinctive de chaque éleveur, emplissaient la rue du village, perpétuant l’ ancestral chemin vers la montagne.

A leurs fenêtres, Yvonne et Baptiste observaient en connaisseur la marée laineuse, avec émotion, fierté et nostalgie sans doute aussi.

Devant l’auberge, le troupeau tournait à gauche, rejoignant le haut du village vers le chemin qui monte à flanc et longe les hauteurs de Melles pour déboucher sur la cabane de Sesquert.

Aux bifurcations délicates apparaissaient, comme par enchantement, quelques habitants bienveillants pour guider le troupeau. 

Pascale ouvrait la marche suivie par «  ses filles  », les deux Patous mêlant leur dos poilu au troupeau.

A l’arrière, Stéphane muni de son bâton et des deux chiens de berger Taka et kiki, fermait la marche. 

A la montée dans la prairie succédait le sous-bois encore humide des pluies de la semaine.

Les brebis joueuses s’égaillaient de droite et de gauche broutant au passage l’herbe fraiche des talus.

Pourtant, pas le temps de cueillir les giroles odorantes poussées dans la nuit  car il faut rester vigilant aux animaux. Une solide racine peut être un piège fatal. Dans le sous- bois une brebis hasardeuse en fera les frais. Fort heureusement l’intervention rapide de Stéphane délivrera la bête de son piège.

Plus de peur que de mal  !

Après une courte pause près de la cabane de Sesquert le troupeau attaquait la  montée ardue dans la forêt puis débouchait sur la route forestière . La marche fut plus facile pour aller vers Artigaousse  puis Artigascou.

Les dos des animaux effleurés par le soleil perçant les feuillages donnaient une touche surnaturelle au chemin entre les deux cols. Peu de bruit chez les brebis, peu de paroles chez les humains si ce n’est les quelques appels au chien Taka avide de montrer son savoir-faire à son maître.

Enfin, le troupeau abordait la montée du Tusaou dans la forêt pour arriver  à Barricargue, Au débouché du bois attendait Salvador avec la première partie du troupeau, le concert des retrouvailles éclatait. 

Magnifique moment, salué par un soleil radieux et le grandiose paysage de la vallée à nos pieds, où les animaux se retrouvent et ne laissent aucun doute sur la réalité de leur sensibilité.

Dans quelques jours le reste du troupeau, amené en camion par Le Mourtis rejoindra l’estive. Ce sont 1400 brebis qui vont tout l’été arpenter les montagnes de Melles et brouter, brouter, se gaver d’herbe fraîche mais aussi des chardons et de toutes les plantes qui vont leur profiter. Elles vont ainsi entretenir le paysage montagnard.

Rude travail qui attend les bergers que de veiller sur les animaux, avec des conditions météo hasardeuses et des dangers qui rôdent.

Pascale, qui préside le Groupement pastoral de Melles, veillera sur les conditions de travail et de bien-être des bergers en venant régulièrement leur rendre visite. Ce sera aussi l’occasion de visiter ses brebis,  parties «  en vacances  » à la montagne et de leur prodiguer les soins nécessaires.

Souhaitons leur à tous un très bel été sur les hauteurs de Melles.

Ces superbes photos sont de Vincent.