L'estive 2024 est terminée. Descente de Montjijol, retour en bergerie et agnelage....
Les brebis du groupement pastoral de Melles ont regagné leurs bergeries en rangs serrés.
Le 10 octobre, elles ont quitté leurs derniers pâturages d’altitude de la saison sur les hauteurs de Montjijol accompagnés pour cette transhumance par les 2 bergers, Amanda et Salvador.
Tout était prêt pour le départ.
Tôt le matin, la cabane du GP rangée, les sacs remplis, humains et animaux se sont mis en route.
Au col d’Artigascou, Pascale, Capucine et Mathias, les éleveurs, attendaient le troupeau pour la descente jusqu’au village.
Brebis et béliers gavés d’herbes odorantes, saoulés de soleil, de vent et d’altitude, ont fait le plein de santé au bon air de la montagne, et contribué efficacement à l’entretien des espaces ouverts.
Amanda et Salvador, après 4 mois loin de la civilisation, ont entamé la descente avec la satisfaction du travail accompli et sans doute, la hâte de retrouver leurs proches.
Une première pour Amanda et Salvador
Cette première estive comme toute première fois, présentait un enjeu certain pour nos bergers novices, faire face aux prédations n’étant pas le moindre des défis.
Dès les premiers jours de la saison, aux Sédères, ils devaient affronter le mauvais temps et les visites de l’ours dans un environnement inconnu. Après ce baptême du feu, avec l’arrivée du soleil ils étaient déjà aguerris.
Rapidement le GP sollicitait l’appui d’un berger de nuit pour faire face aux attaques et éviter les prédations. Fort heureusement la réponse rapide des services concernés a permis la mise en place de cette mesure. D’une efficacité prouvée, l’appui du berger de nuit 3 fois par semaine, dans sa cabane portative fut d’un grand soutien pour nos 2 bergers et rassurant pour les éleveurs.
Perdre des bêtes est toujours un traumatisme pour celui qui élève et aime ses animaux.
Chiens, brebis et humains descendaient vers le village d’un bon pas, à travers les prés, à travers le Bartaou, à travers bois, les anciennes connaissant le chemin vers la bergerie de Melles à l’entrée du village, la bergerie historique de la famille Fourquet.
Pascale en tête avec les 7 Patous, menait le troupeau, ne laissant à personne ce rôle qui lui tient à cœur et lui va si bien. Quand, tout à coup, à Artigaous les Patous reniflant quelque gibier, filaient comme le vent, sourds aux appels.
Grand moment de flottement, les brebis se précipitant à la suite des chiens et dépassant leur guide qui dût sprinter pour reprendre la maitrise de la marche avant la bifurcation dans le bois.
Il fallut pousser pour faire progresser le troupeau dans le bois pentu au sol couvert de branchages.
Plus tard, les Patous, décidement aventureux, partirent au derrière de jeunes cervidés, mais cette fois, le troupeau ne fût pas tenté par la poursuite, devant progresser péniblement à cet endroit.
Enfin, l’arrivée dans le haut du village emplit les ruelles de bêlements et de sonnailles, laissant quelques reliefs odorants au passage devant l’auberge et jusqu’à l’entrée de Melles.
Puis il fallut séparer les troupeaux pour que chaque éleveur retrouve ses bêtes.
Avec l’appui de la trieuse, commençât alors la noria de brebis et la valse des barrières dans la bergerie. Orientant les bêtes à chaque tour, repérant les marques de couleur sur les dos, après maints passages chacun retrouvait son bien. Un travail intensif, long et très technique, et qui donne le tournis !
Enfin, il fallut monter dans le camion, le Patou de chaque troupeau passant le premier, les brebis suivirent, prêtes au départ vers la maison.
Les brebis de Pascale et de Stéphane profitant des prés aux alentours du village se répandirent pour brouter l’herbe, nettoyer et redonner son ambiance montagnarde au village, pour le grand plaisir d’Yvonne et de Baptiste.
Mais la saison de l’agnelage étant imminente, c’est sans tarder trop qu’il faut regagner la ferme sur les contreforts des Pyrénées. En effet, dès le printemps, les éleveurs planifient les naissances en mettant en contact béliers et brebis afin qu’elles s’échelonnent tout l’automne.
Et quand ça commence, ça commence !
Déjà quelques futures mères étaient descendues en septembre pour donner naissance au calme.
Puis le pic des naissances arrivât. Dans chacun des élevages du GP, chaque jour apportât son lot d’agneaux mouillés et tremblants. Si la nature est bien faite et les mères en pleine forme, dans l’immense majorité des cas tout se passe très bien, mais les éleveurs veillent de près sur ce moment clé de l’année, aboutissement de leur travail.
Jeudi 7 novembre, curieux de découvrir l’agnelage, c’est à la ferme de Pascale et Stéphane que nous avons retrouvé le troupeau.
400 agneaux étant déjà venus au monde dans les semaines précédentes, les fines créatures blanches emplissaient les bergeries de leurs appels aigus. Une centaine de naissances étant encore attendue, la maternité était loin de fermer.
Les béliers parqués au centre de la bergerie, attendent placidement et en ruminant ; autour d’eux les jeunes de quelques jours, déjà hardis, grimpent dans les mangeoires, se faufilent sous les barrières, et appellent frénétiquement leur maman encore au pré.
Puis les mères arrivent…. En rangs serrés, dés que l’accès est ouvert, les brebis se précipitent dans le hangar au devant de leurs petits. Dans une cohue indescriptible, les agneaux impatients de retrouver lait et réconfort, se ruent vers les mères. Le niveau sonore des appels des petits joints à ceux des femelles devient particulièrement élevé. Le méli-mélo général atteint son apogée, avant de refluer progressivement au fur et à mesure que chacun retrouve sa chacune.
Quelques agneaux pressés tètent à la première mamelle en vue, avant d’être repoussés d’une patte énergique ; d’autres plus timorés attendent implorant du regard « elle est où maman ? »
Dès la mise bas le processus d’attachement se met en place, la jeune mère identifiant de tous ses sens son petit, la lactation intensifiant le besoin de contacts réciproques ; aussi les mères reconnaissent leur jeune dans la mêlée générale.
C’est sous l’œil méfiant des Patous que nous observons la scène ; sous un tracteur, Opale, la femelle, fait bien sentir qu’elle désapprouve notre présence dans sa famille.
Au pré, de nouvelles naissances ont eu lieu dans la journée, une tache blanche dans l’herbe près d’une brebis signale son nouveau-né. Dans le creux du vallon, une mère flageolante ses deux petits près d’elle se remet doucement de la fatigue de l’expulsion. Pascale descend récupérer le trio pour le mettre au chaud dans la bergerie.
Les agneaux encore humides et tremblant sur leurs frêles pattes, observent un peu hébétés leur nouvel environnement. Saisissant chacun des bébés sous le ventre, Pascale encourage la mère à remonter le pré, « allez viens Cocotte », gardant les bébés bien en vue et tout près du museau de la mère. Un enclos tranquille, avec du foin et de l’eau les attend. Réconfortés les petits s’endorment au sol et la brebis apprécie de se restaurer dans la mangeoire.
Les agneaux seront identifiés rapidement et une marque de couleur appariera les jumeaux.
Dans quelques semaines, quand ils auront pris du poids, tous les mâles et quelques femelles seront vendus. Une trentaine d’agnelles restera compléter et renouveler le troupeau.
Quelques rares bébés seront nourris au biberon et chacun des agneaux et chacune des mères recevra les soins patients et attentifs des éleveurs, veillant au bien être de leur cheptel avec amour.
Connaître et respecter les besoins, nourrir, soigner, entourer, chaque geste précis et doux, chaque action efficace et réfléchie, contribue pour nos éleveurs à l’incarnation « du Prendre Soin » gage d’un travail qui prend racine dans la tradition ancestrale d’un pays d’élevage, a du sens et respecte le vivant.
Photos Vincent Decremps
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